Au Sénégal, l’élevage de la chèvre a longtemps été décrié par des autorités mal informées, en raison de son éventuel impact négatif sur l’environnement. Son comportement alimentaire qui l’amène à brouter de préférence les arbustes, est à l’origine de la mauvaise interprétation qui veut qu’elle soit à l’origine de la progression du désert. En réalité, la chèvre valorise mieux que n’importe quel autre ruminant les feuilles et fleurs tombées. A ce sujet, la chèvre est traitée en 4ème position après le cheval, la vache et les moutons. Ce qui signifie que la chèvre est considérée comme « la vache du pauvre ». Elle est rarement complémentée en fourrage et concentrés.
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur la capacité exceptionnelle d’adaptation de la chèvre dans le Sahel. Les aléas climatiques rendant le disponible fourrager incertain, n’ont pas affectés la chèvre. De nos jours, la chèvre est essentiellement élevée pour la production de viande. Les animaux de 6 mois à un an sont vendus à des prix abordables, pour faire face à des problèmes ponctuels et variés ce qui fait de la chèvre « le compte courant de l’exploitation ».
La région de Fatick garde une longue tradition d’élevage de la chèvre. Avec un effectif estimé à 220.000 têtes, la chèvre est rustique et très prolifique (taux de fécondité de 110%).Cet animal conserve encore ici une valeur sociale inestimable de part sa place dans une exploitation. Souvent élevée par les femmes, la chèvre peut être vendue, échangée ou donnée pour substituer aux besoins de la famille sénégalaise.L’importance économique de l’élevage caprin est stratégique, cet élevage est surtout l’apanage des jeunes et des femmes, couches les plus exposées à la pauvreté. De ce point de vue, le développement de l’élevage caprin participe de la stratégie de réduction de la pauvreté en milieu rural.